“Tenir” [David Lebreton]

La douleur chronique déchire toute l’existence, elle épuise celui qui la ressent autant que son entourage ; le premier parce qu’il a du mal à l’exprimer, le second parce qu’il a du mal à comprendre, fût-il médecin.
Or beaucoup connaissent certains états où la douleur est toute, ou presque toute la maladie, où elle est si hallucinante que la symptomologie devient secondaire.


C’est à cet endroit, cette limite, que le sociologue du corps explore, consulte, interroge autant ceux et celles qui vivent cette douleur inexpliquée et inexplicable que ceux, les soignants, qui dans notre société de diagnostics scientifiques et de soins cherchent et essayent de juguler nos souffrances physiques.
Notre médecine a, depuis peu, pris la douleur en considération et l’on conçoit mal désormais que l’étude de la douleur chronique puisse se faire sans prendre d’abord en compte la subjectivité intime de ceux qui la vivent.Des progrès sont réalisés mais il est temps, dit David Le Breton, que l’on développe une médecine de la douleur centrée sur l’expérience intime des personnes afin de les aider, sinon à guérir, au moins à accomplir une “réinvention de soi’, autrement dit une réorganisation radicale de l’existence avec et autour de cette douleur chronique à tous les niveaux de son quotidien dans le but de reconquérir au moins une estime de soi dont on sait aujourd’hui qu’elle participe grandement à la capacité de résistance.
Le “souffrant chronique’ souvent inintelligible pour la médecine ébranle l’existence de tous, mais l’examen des itinéraires personnels montre étrangement qu’elle protège aussi certains patients d’autres souffrances plus redoutables encore !

(1) Babelio - Vos livres en ligne - Connectez vos bibliothèques - Google Chrome
avis publié sur Babelio

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *